6h30 du matin, réveil ; je croyais que j’étais pensionné, mais la vie des retraités est toujours plus difficile, croyez-moi (ou pas…). Départ à 7h30, Je prends Colette à la gare ; à Salzinne, tout est prêt ! Françoise, Philippe et Yves ont déjà tout monté, les vélos sont chargés, on est prêt à partir. Ils étaient sans doute là dès 6h, je peux bien me plaindre.
Il fait frisquet, on remet une petite laine, départ pour Marbehan, cette lointaine contrée aux confins de l’Ardenne, qu’on appelle Gaume, patrie des Trévires qui l’habitaient déjà 4000 avant J.C. Aujourd’hui, notre Trévire se nomme Catherine. Habillée vert bianchi, sur son vélo tout aussi bianchi, elle se confond avec la verte région gaumaise qui nous accueille avec son grand sourire ensoleillé. Notre Trévire nous guidera toute la journée, nous recevra, nous choiera, nous gâtera, vive les Trévires et la Trévisie !!!
A Marbehan, nous commençons à cuire tout doucement ; le mijot va augmenter tout au long de la journée, de sorte qu’en fin de journée nous serons bien cuits, en profondeur, dans toutes nos composantes.
Le train est à l’heure, nos amis arrivent et bientôt l’on démarre. J’ai déjà des visions, j’aperçois quelque part une jeune fille en fleurs; plusieurs fois dans la journée je la verrai, il faut vraiment que je me méfie de mes hallucinations.
D’abord un petit tour en Ardenne, où nous profitons de l’ombre des forêts et d’un mélange paysager absolument ravissant fait de prairies, cultures et forêts traversés de jolis petits cours d’eau, le tout égayés en permanence par les chants d’oiseaux. Ces petites routes de campagne, souvent en bon état, nous promènent tranquillement dans ce grand jardin qu’est l’Ardenne. La chaleur augmente tout doucement, mais nous montons bientôt dans la forêt d’Anlier ; il faut toujours produire un gros effort pour entrer dans la grande forêt d’Anlier, mais une fois qu’on y est, on profite de sa fraîcheur, de son ombre, d’une cascade de verts moutonnant pendant des kilomètres.
Arrivée à Habay-la-Vieille, au terme d’une minuscule piste cyclable le long de la Rulle, jusqu’à la maison de Catherine ; nous avions déjà dégusté ses cakes salés à la gare, ses cakes aux carottes lors d’un ravito, et maintenant nous dégustons 2 succulents gaspachos qu’elle nous a préparés, en nous rinçant le gosier de cette non moins succulente bière de Rulle. Surtout quand le tout nous est servi par 2 charmantes trévires – Léa et Elisa – ses voisines. Dans son beau jardin, à l’ombre de ses arbres, nous prenons notre pique-nique et fêtons son anniversaire. C’est vraiment un bon moment. Nous avons déjà parcouru 35 km, il en reste 25 en Gaume.
Catherine a choisi un parcours plat, nous avait-elle dit. Certes, aucune grande côte digne de ce nom, mais une multitude de petites côtes raides, de celles qui vous forcent à aller taper sans cesse dans les sucres parce qu’on ne peut pas y prendre un rythme - elle se finissent trop vite - alors que déjà la suivante se profile ; nous avons donc pris un plat ardennais.
On repasse le même plat, avec des touches gaumaises ; il se déroule dans un paysage tout aussi vallonné, mais sensiblement différent, fait plus de prairies et de cultures que de forêts ; mais on aperçoit la lisière de la grande forêt ardennaise au loin, couvrant la cuesta qui sépare la Gaume de l’Ardenne. Nous passerons plusieurs fois au-dessus de la Semois, sans jamais pouvoir y tremper un pied. Enfin, le ciel est bleu, les oiseaux chantent, les mollets tournent, donc tout baigne quand même.
Passé Tintigny, je revois la jeune fille en fleurs ; cette fois plus de doute, elle est sur un vélo ! Mais oui, c’est Colette ! Ah, elle s’est bien déguisée aujourd’hui. Et toute la journée, en plus !
Après une longue montée, nous arrivons à la gare de Marbehan, peut-être plus marqués par la chaleur que par la fatigue ; le mijot est à point, les arômes sont bien fondus les uns dans les autres ; un grand plat ardennais, à n’en pas douter.
Nous avons eu énormément de chance avec le temps : la canicule de vendredi et samedi ne nous aurait jamais permis de faire cette rando ; et la pluie de ce lundi matin ne nous aurait pas arrangé non plus.
Un grand merci aux trévises de service Catherine, Julien et Vincianne, et bien entendu à la jeune fille aux fleurs, sans oublier les travailleurs de l’ombre (ils ont de la chance d’y être !) Françoise, Philippe et Yves. Mais il y a aussi la conductrice de libellule, Anne-Françoise Duchêne.