En cette fin d’été, la horde s’était donné rendez-vous à la gare de Seille. Peinturlurée, habillée de toutes les couleurs, menée par un colosse blond, elle faisait vraiment peur. Les féroces combattants se déplaçaient par binômes, montés sur de redoutables engins parfaitement silencieux, pour mieux surprendre les pauvres humains mis en travers de son chemin.
Au coup de sifflet, les binômes s’alignent comme un seul homme derrière le colosse blond, rôdés par des mois d’entraînement intensif. La horde descend le fleuve, monte à Moha, pille une camionnette malheureusement arrêtée sur son chemin près d’un terrain de football, effraie des dresseurs de chiens qui aboient de terreur à son approche.
Toujours silencieuse, elle monte à l’abri des regards pour prendre le Pont de Bonne où de malheureux mottards ne feront guère le poids face aux terribles guerriers. Après le pillage en bonne et due forme du stock de nourriture trouvé là, la horde monte alors sur les plateaux du Condroz pour y exercer ses ravages. Les ravissants petits village de Goesne, Libois, Pailhe, Evelette seront laissés en ruine par les ravageurs, qui fondent ensuite à toute vitesse sur Andenelle, pour revenir à la gare de Seille couverts de sang et de cendre, rassasiés par cette petite expédition punitive en Condroz.
Je crois que je viens de faire un mauvais rêve… la randonnée en Condroz fut aussi ravissante que bienveillante, bien organisée, joliment synchronisée avec libellule à certains carrefours, et si bien entourée par Claudine et Jean qui, malgré sa jambe cassée, est venu nous encadrer.
Comme à son habitude, Colette était déguisée, cette fois-ci en cuberdon rose bonbon. Mon co-pilote Jean a oublié de pousser sur les pédales dans la première côte de Moha, parce que tout du long il a tenu à m’expliquer quelque chose pendant que je m’époumonais à suivre les autres ; mais ensuite, il a été d’une telle efficacité que j’avais l’impression d’avoir une fusée dans le derrière.
Les vélos m’ont semblé parfaitement entretenus et réglés, par Françoise sans doute, que je remercie pour son dévouement et sa belle humeur inaltérable. Françoise, c’est un sourire permanent, teinté d’humour bienveillant.
Un soleil toujours aussi généreux, mais un temps un peu plus frais que d’habitude, parfait pour le vélo. Un Condroz désseché comme partout ailleurs, mais nous avons longtemps longé Meuse et Hoyoux, profitant de la fraîcheur de l’eau et la verdure ; après 2 ou 3 mois de sécheresse absolue, cela fait du bien. De jolies côtes, mais un parcours général bien équilibré ; de toute façon, on voit que les cyclocoeurs ont une bonne condition, en cette fin de saison, tout roule dans l’huile. Pas de crevaison, pas de panne, pas d’erreur de parcours, libellule toujours là quand il faut, non je ne vois pas, même en cherchant bien, le moindre défaut à cette organisation.
Il y a juste votre serviteur, toujours capable d’oublier quelque chose quelque part ou, par sa distraction permanente, foutre le bordel dans les commandes de sandwitches, mais il faut bien un peu de poil à gratter, sinon ce serait trop ennuyeux ; un peu de désordre que diable, un peu de folie, de l’aventure, de l’imprévu, des improvisations, du bordel, voilà, j’ai trouvé ce qu’il faut pour la prochaine fois. Et vous pouvez compter sur moi :)